Le Krav-Maga, découverte d’une activité à part…
Krav-Maga, je suis sûre que ce mot vous dit quelque chose mais pour certains pas plus que ça. Art Martial ? Technique de combat ? Self-défense ? Moi-même, je ne savais dans quelle catégorie le classer. Mais comme je suis une petite veinarde, j’ai la chance d’avoir parmi mes amies, Laetitia, qui pratique le Krav-Maga depuis plus de 4 ans au sein de l’école Berrio [EKOS83] chez Cadans à Fréjus. Alors forcément, pour en savoir plus, c’est vers elle que je me suis tournée. La suite ? La voici…
L’Histoire du Krav-Maga
Tout d’abord un peu d’histoire… Et oui, il faut passer par là pour comprendre les fondements de cette pratique.
Tout commence à Budapest, au début des années ’30, quand le fondateur de cette pratique, Imi Lichtenfeld, sportif célèbre en Lutte, Boxe et Gymnastique, crée un groupe de défense afin de protéger ses compatriotes face à la montée du fascisme. Il se rend très vite compte que les sports qu’il pratiquait n’avaient rien à voir avec les combats de rue auxquels il fût amené à participer. En 1940, obligé de s’expatrier, il finit par atterrir en Palestine où il rejoint la Haganah, formation paramilitaire, prémices de la future armée israélienne. Il y enseigne la Lutte et la Gymnastique puis en 1948, il rejoint Tsahal, dans la branche des unités anti-terroristes. Il y développe une méthode simple et efficace de tactiques de défense et de combat au corps à corps. Mais c’est en 1964, quittant le service actif, qu’il crée une école à Netanya et officialise sa technique en créant le Krav-Maga [Littéralement, combat rapproché]. En 1971, Il remet la première ceinture noire à Eli Avikzar après 7 ans d’apprentissage à ses côtés. Le développement du Krav-Maga se poursuit depuis lors au travers de plusieurs écoles tout autour de la planète. Devenu un sport national en Israël, le Krav Maga compte plus de 15000 licenciés en Europe.
C’est quoi réellement le Krav-Maga ?
Très intéressant… mais ici et maintenant, c’est quoi le Krav-Maga ?
Pratiqué au sein de certaines écoles d’Arts Martiaux ou tout simplement de clubs, l’apprentissage se fait par l’acquisition de techniques simples et modernes de tactiques défensives, de self défense et de combat. Chaque cours commence par une partie « échauffement » qui tient compte de la force et des faiblesses de chaque individu. Une autre façon d’appréhender son environnement en ayant une vision plus large, d’analyser les dangers potentiels et donc de les éviter car la règle numéro 1 au Krav-Maga est : « La meilleur défense est la fuite ». Et si certains obstacles ou dangers sont inévitables, le Krav-Maga enseigne comment défendre son intégrité en neutralisant l’agresseur, permettant ainsi de se créer une porte de sortie pour fuir le danger. Une fois tous les sens éveillés avec une prise en compte de son environnement immédiat, l’apprentissage de la partie technique peut démarrer. Cette partie du cours est basée sur les différents types d’agressions possibles, étranglement, arrachage de sac, attaque à l’arme blanche ou à feu… Une fois la technique acquise, pour être efficace, il faut la reproduire « en situation ». Alors pour simuler le stress d’une situation d’agression, chacun, à son niveau, effectue une période plus sportive qui permet de s’épuiser physiquement. L’élève, désormais en mode « stress » est alors capable de reproduire la technique apprise mais avec une efficacité de 10 ou 30% selon les individus, cependant, ce sont ces 10 ou 30% qui lui permettront de sauver sa vie en s’enfuyant.
Comment et quand utiliser le Krav-Maga
C’est bien beau tout ça, mais une fois les techniques apprises, comment savoir laquelle il faut utiliser au moment où ?
Il faut savoir que le corps a une mémoire. Le Krav-Maga est basé sur les réflexes naturels du corps humain, malheureusement oubliés par notre corps et notre cerveau au fil du temps de par nos activités, nos coutumes et nos différents modes de vie. Réapprendre ces réflexes de sauvegarde, c’est retrouver l’instinct de survie que tout être vivant sur la planète possède… c’est retrouver la manière de se défendre la plus rapide qui devient donc, avec les techniques enseignées, la plus efficace, mettant de coté tous les gestes conditionnés que la vie nous a imposés. C’est prendre le moins de risques possibles tout en sauvegardant son intégrité mais toujours dans le respect du self-défense. Le travail assidu et répété des différentes techniques enseignées par le Krav-Maga permet ainsi au corps de retrouver ses réflexes ancestraux depuis longtemps oubliés. C’est cela qui fera que, lors d’une agression, sans réfléchir, le corps réagira de façon autonome et naturelle. Le bon geste au bon moment…
Les quatre principes du Krav-Maga : simplicité, rapidité, efficacité et maîtrise de soi.
Les techniques sont logiques, pratiques, simples, naturelles et efficaces.
Mais le self-défense, beaucoup disent que c’est dangereux…
C’est là, la différence entre l’utilisation du Krav-Maga par les forces de l’ordre, basée sur un enseignement militaire qui permet aux forces spéciales de mettre à terre et de neutraliser totalement l’agresseur et l’enseignement « civil » qui lui, permet d’acquérir des méthodes de neutralisation mais uniquement dans le but d’avoir le temps de fuir… Ce qui est enseigné aux civils est d’agir sur les points sensibles mais non vitaux. L’instruction est dirigée dans un objectif de légitime défense et non pas de neutralisation totale de l’individu. Les parties vitales sont connues et évitées dans ces enseignements. Les techniques enseignées n’utilisent que les points stratégiques et sensibles pour étourdir ou affaiblir l’agresseur.
Les règles du Krav-Maga
Se pose alors la question des règles édictées par une fédération…
En fait, il existe plusieurs fédérations et plusieurs « écoles ». Au niveau international, l’IKMF [International Krav-Maga Federation], la FIKOP [Fédération Internationale de Krav opérationnel et professionnel], entre autres et en France, la FFKDA [Fédération Française de Karaté et Discipline Associées] qui a délégation de l’état pour le développement du Krav-Maga, la FEKM [Fédération Européenne de Krav-Maga], la FKMDS [Fédération Krav Maga Défense Système]. Mais il existe aussi des associations comme le KAMAG, IMAG, …. Les clubs ont également développé leurs propres techniques mais toujours dans le respect des principes essentiels :
La première défense est la fuite
Si défense obligatoire, alors viser les parties sensibles [et non pas vitales]
Le club dans lequel pratique Laetitia a décidé, quand à lui, de quitter tout organisme fédéral ou école afin de retrouver le sens originel du Krav-Maga en revenant tout simplement à un enseignement de combat de rue, de self défense, sans passage de grades ou de ceintures et sans Kimono. Un retour aux bases avec les techniques originelles qui ont peu évolué.
Interview d’une pratiquante du Krav-Maga
Pour finir, la question qui se pose est de savoir comment et pourquoi se met-on à pratiquer le Krav-Maga ? La réponse avec l’interview de Laetitia :
Comment as-tu commencé à faire du Krav ?
J’ai toujours voulu faire un sport de combat ou un art martial, mon père était professeur de Judo… Mais comme j’ai beaucoup voyagé, je n’ai jamais pu m’inscrire dans un club. Un jour, alors que je m’entraînais dans une salle de sport, j’ai vu entrer Fernando [Berrio, l’instructeur de Laetitia] avec des « pao » (gros carrés en mousse) et autres accessoires. Il m’a alors appris que c’était pour un entrainement de Krav-Maga. J’avais bien vu un numéro de téléphone mais comme on ne sait pas trop ce que c’est ou qui on va avoir au bout du fil, je n’ai jamais osé appeler. Mais là, je les avais devant moi, ils m’ont inspiré confiance alors je leur ai demandé si je pouvais essayer et dès le premier cours… j’ai eu une révélation, je me suis dit : c’est ce que je veux faire ! Ça comprenait tout ce dont j’avais besoin, la partie dépense physique & énergie, la partie réflexion et également indispensable pour moi aujourd’hui, la partie défense car lorsqu’on est une femme, surtout souvent seule en déplacements comme j’ai pu en faire…
Cela répondait donc à un besoin chez toi…
Cela répondait à un besoin de sport mais aussi de manque de confiance en soi. Avant quand je passais près d’un groupe d’individus que je ne sentais pas trop, du genre un peu éméchés, j’avais peur. Maintenant, ce n’est pas que je n’ai plus peur… Je me suis déjà vu faire un grand tour pour les éviter mais si je ne peux pas, je passe devant. La différence c’est que désormais, je suis sur mes gardes parce que je sais que s’il m’arrive quelque chose, je saurais faire ce qu’il faut. Je reste vigilante avec une bonne appréhension de mon environnement.
Cela veut dire que le Krav-Maga permet en plus d’apprendre à se défendre, d’avoir une vision plus large de son environnement immédiat ?
Une vision plus globale qui permet par exemple de monter dans sa voiture en faisant attention à ce qu’il n’y ait personne derrière soi. Mais sans devenir paranoïaque, c’est plus savoir anticiper certaines situations dangereuses. C’est, par exemple, porter son sac côté mur dans certains endroits, etc. Le but étant de ne pas s’exposer au danger.
Mais, après avoir pratiqué 4 ans, tu as du faire le tour des différentes techniques…
Oui mais ensuite, tu entretiens les techniques qui t’ont été enseigné, tu apprends à les adapter aux différentes situations qui peuvent se présenter. Puis j’ai passé mon épreuve il y a deux ans afin de pouvoir assister Fernando et enseigner aux féminines le samedi matin.
Ton épreuve ?
Oui, pendant 6 semaines, j’ai travaillé avec lui toutes les techniques de base et la pédagogie puis j’ai passé l’examen « Instructeur self-défense » au sein du club. Ce qui me permet de l’assister pendant les cours afin de m’occuper plus spécifiquement des femmes.
Pourquoi les femmes plus que les hommes ?
Je trouve que c’est particulièrement adapté pour elles. C’est ce qui me motive vraiment, cette orientation féminine. L’année prochaine, il y aura « mixte », « enfants » et « femmes ». Je vais donc l’assister pour le groupe des « féminines ».
Juste assister pas enseigner ?
Non, je préfère assister. Moi je n’ai pas la partie terrain qu’il a acquise pendant toutes ces différentes expériences. Mais je lui apporte la partie « sensibilité féminine ». Suivant les techniques dispensées, par exemple celle contre les agressions sexuelles, cela rassure les pratiquantes d’être entraînées par une femme. Le passé des pratiquantes (et pratiquants) est prise en compte, il y a des personnes qui ont déjà été agressé, des commerçantes…
Justement, quels sont les pratiquants de Krav ?
Il y a tous les âges, de 7 à 99 ans. C’est pour cela que le Krav-Maga est très intéressant. Un débutant peut très bien travailler avec un « avancé » qui maîtrise déjà certaines techniques. Pas besoin d’avoir déjà pratiqué le Krav. C’est à force de pratiquer qu’on affine sa technique. Même au niveau des personnes en situation de handicap peuvent pratiquer le Krav, y compris en fauteuil roulant. La technique s’adapte à la personne quel que soit son âge, sa condition physique et son éventuel handicap. Tous les cours sont mixes car ce n’est pas la force qui est importante mais la technique avec la recherche de toucher les points sensibles et nous savons tous qu’il y a en a beaucoup sur le corps humain ! Tout le monde travaille avec des coquilles y compris les femmes car c’est extrêmement sensible également à ce niveau là. Il n’y pas de clivage de niveau, tout le monde s’entraîne ensemble même si pour certains exercices, des groupes peuvent être formés. Les débutants deviennent très vite des « avancés ». Chaque technique et chaque cours sont différents. Par exemple, il y a les techniques spécifiques aux femmes adaptées aux situations qu’elles peuvent rencontrer, jogging, arrachage de sac… Et pas besoin d’un passé d’art martial pour commencer le Krav, même si ceux qui ont déjà pratiqué le « pied-poing » seront plus avantagés comme Fernando qui est un ancien champion de Boxe Thaï. Pour les femmes, le Krav peut apporter un regain de confiance en soi pour les plus timides, permettre à celles qui ont de l’énergie à revendre, de la dépenser et de la canaliser, à ceux (et celles) à qui il manque du souffle, de récupérer une bonne condition physique grâce à partie « cardio » du cours.
Parle-moi un peu de ce club dans lequel tu évolues.
En fait, si Fernando m’a proposé de passer instructeur, c’est aussi parce que je me suis beaucoup impliquée dans ce club. Au sein de l’école EKOS83, nous sommes passés de 30 à 70 adhérents en deux ans. Désormais les cours sont dispensés au sein de l’école Cadans à Fréjus qui développe toute une partie « art martial » en plus du Krav-Maga. L’objectif de la saison prochaine est de lancer des stages en région PACA qui se dérouleront pendant les périodes de vacances scolaires avec comme public des comités d’entreprises, des groupes et des individuels.
En conclusion…
Voilà, vous en savez un peu plus sur le Krav-Maga grâce à la passion de Laetitia que je remercie pour cet entretien. Ça ne vous donne pas envie d’essayer ? Moi si !